Rencontres du GIS Arts & Éducation – Méthodologies de recherche

Les propositions devront s’inscrire dans le projet du GIS Arts & Éducation et seront orientées autour des dispositifs et des méthodologies de recherche. Les présentations montreront comment les méthodologies permettent de renouveler les pratiques éducatives et artistiques en croisant les arts, les sciences humaines, sociales et éventuellement expérimentales et les sciences de l’éducation.

Elles mettront en lumière comment ces démarches interdisciplinaires enrichissent la réflexion scientifique (Chabanne, 2016 ; Go et Messina, 2024 ; Pignot et Saez, 2013 ; Roy et Rosso, 2024 ; Terrien et Duval, 2021).

L’articulation entre sujet, problématique, question de recherche et méthodologie constitue un enjeu central pour toute production scientifique. Les propositions devront préciser comment les méthodologies mobilisées participent à la structuration du questionnement et à la construction du savoir. En ce sens, elles devront prendre en compte la dimension épistémologique des recherches en arts et éducation.

Dans cette perspective, la question de l’incommensurabilité des savoirs et des notions sera un axe de réflexion à explorer. L’intégration de concepts issus de différentes disciplines implique une tension entre des cadres théoriques et méthodologiques parfois hétérogènes. Ainsi, l’épistémologie des méthodologies en arts et éducation interroge les formes possibles de dialogue entre des logiques de recherche parfois discordantes, mais aussi les modalités d’intégration de ces savoirs dans une réflexion commune.

Cet appel à communication se distingue par l’ampleur et la diversité des références mobilisées, qui couvrent l’éducation artistique dans toute la pluralité des arts concernés – des arts plastiques au cinéma, du design au spectacle vivant, de la musique aux arts numériques – et convoquent ainsi des traditions épistémologiques parfois disparates. Ce choix délibéré s’inscrit dans la volonté du GIS de contribuer à la construction d’un vocabulaire partagé, capable de fédérer des approches variées tout en respectant leurs spécificités. La création d’un langage commun n’implique pas l’effacement des divergences, mais bien leur mise en dialogue, permettant ainsi aux chercheur·es issu·es de champs disciplinaires différents de co-construire une réflexion sur les méthodologies de recherche en arts et éducation.

Diversité des méthodologies mobilisables

Les communications attendues souligneront des démarches favorisant l’émergence de cadres novateurs et/ou inclusifs, où théorie et pratique se complètent pour répondre aux besoins éducatifs (Bordeaux, 2017 ; Chabanne, 2024). Les propositions suivantes ne sont pas exhaustives.

Méthodologies collaboratives et interdisciplinaires

Les recherches en arts et éducation mobilisent fréquemment des méthodologies collaboratives, impliquant les acteurs éducatifs et artistiques dans la co-construction des savoirs (Serusclat-Natale et Marzin, 2020). Ce type d’approche s’inscrit dans une logique de dialogue entre disciplines, favorisant une interdisciplinarité qui croise différents cadres théoriques et méthodologiques (Rezzi et Brissaud, 2021). L’interculturalité peut également être prise en compte dans ces dynamiques, en étudiant comment les contextes culturels influencent la transmission et la réception des savoirs artistiques et éducatifs (Amato, 2004).

Méthodologies d’analyse et de documentation

Certaines méthodologies reposent sur l’observation et l’analyse des contextes éducatifs et artistiques, à travers des approches ethnographiques permettant une immersion dans les environnements d’apprentissage et de création (Barrère et al., 2015). L’analyse multimodale constitue un autre levier pertinent pour explorer la diversité des formes de communication et d’expression dans les pratiques artistiques et éducatives (Giacco et Lorant, 2017). L’approche historique et archivistique permet quant à elle d’étudier l’évolution des pratiques pédagogiques et artistiques en s’appuyant sur des documents et des sources primaires (Bonnéry et Deslyper, 2020). Enfin, les méthodologies info-documentaires permettent d’analyser la circulation et l’organisation des savoirs en contexte éducatif et artistique (Scopsi, 2017).

Méthodologies curriculaires et comparatistes

Les méthodologies curriculaires offrent un cadre d’analyse des processus d’enseignement et d’apprentissage en arts et éducation, en étudiant notamment la structuration des contenus pédagogiques et leur impact sur les publics (Akue, 2021 ; Fauquembergue, 2022 ; La Rocca, 2024 ; Rosso et Terrien, 2024). L’approche comparatiste, quant à elle, permet d’examiner des pratiques pédagogiques et artistiques issues de différents contextes pour en dégager les spécificités et les points communs (Bourg, 2008 ; Cariou et al., 2019 ; Espinassy et Terrien, 2018).

Méthodologies réflexives et narratives

Les récits de vie et les autobiographies d’élèves, d’artistes et d’enseignants offrent des perspectives précieuses pour comprendre les trajectoires éducatives et artistiques (Four, 2003). L’analyse des carnets de bord d’élèves permet également d’examiner les processus d’apprentissage et de création en contexte scolaire et artistique (Didier et al., 2021 ; Tortochot et al., 2024). Par ailleurs, les méthodologies quantitatives permettent d’explorer les représentations sociales de la culture et leurs effets éducatifs (Ethis, 2004).

Approches participatives et créatives

Certaines méthodologies s’inscrivent pleinement dans des dynamiques de création et d’expérimentation. La recherche-création associe la production artistique à l’investigation scientifique, en considérant la pratique comme un mode de production de savoirs. De même, la recherche-projet intègre les processus de conception et de réalisation dans une perspective de réflexion et d’innovation pédagogique (Findeli et Coste, 2007 ; Findeli, 2015). La recherche-action engage directement les participants dans une démarche visant à transformer les pratiques éducatives et artistiques (Claverie et Melis, 2024). Ces approches permettent d’interroger les enjeux liés à la démocratisation des pratiques artistiques et aux implications éthiques des projets arts-éducation (Richard-Bossez et al., 2017 ; Suma, 2022).

Méthodologies expérimentales

Les contributions proposant des protocoles expérimentaux ou quasi-expérimentaux seront particulièrement encouragées, notamment lorsqu’elles visent à évaluer les effets de dispositifs artistiques et éducatifs sur les apprentissages, les compétences, ou les dynamiques émotionnelles et motivationnelles (Frey et Bosse, 2018 ; Frey et al. 2019).

Articulation avec les domaines de l’Éducation Artistique et Culturelle

Les méthodologies mentionnées ci-dessus s’ancrent dans des contextes éducatifs variés et trouvent un prolongement dans les huit domaines de l’Éducation Artistique et Culturelle (EAC). Ces champs offrent des terrains d’expérimentation particulièrement pertinents pour interroger la transmission, la réception et l’institutionnalisation des pratiques artistiques et culturelles à travers la recherche.

Arts visuels et patrimoine

L’étude des arts visuels et du patrimoine constitue un axe fondamental pour analyser les processus de création, de réception et de médiation. La diversité des disciplines concernées – arts plastiques, photographie, design, architecture – permet d’explorer des approches méthodologiques variées, allant de l’ethnographie des pratiques artistiques (Barrère et al., 2015) à la cartographie des dynamiques culturelles locales (Poussier, 2003). L’analyse des résidences d’artistes et des dispositifs pédagogiques en milieu scolaire interroge également la manière dont la transmission artistique s’organise et se transforme selon les contextes éducatifs.

Cinéma et audiovisuel

Les méthodologies critiques appliquées à l’étude du cinéma et de l’audiovisuel permettent d’examiner la construction du regard chez les jeunes publics, tout en interrogeant les processus de réception et d’interprétation des images (Ethis, 1999, 2004, 2006). Les recherches en éducation artistique intègrent ici des approches multimodales (Giacco et Lorant, 2017) qui prennent en compte la pluralité des langages filmiques et audiovisuels, ainsi que des méthodologies comparatistes (Bourg, 2008) permettant de confronter des contextes de formation différents.

Culture scientifique, technique et industrielle (CSTI)

L’intersection entre sciences, techniques et pratiques artistiques ouvre des perspectives pour analyser les méthodologies de transmission des savoirs scientifiques à travers des dispositifs artistiques. Les recherches portant sur l’intégration de la CSTI en éducation artistique s’appuient sur des approches historiques et archivistiques (Bonnéry et Deslyper, 2020), ainsi que sur des méthodologies collaboratives permettant d’étudier la co-construction des savoirs scientifiques et artistiques en milieu scolaire et muséal (Serusclat-Natale et Marzin, 2020).

Histoire et mémoire

L’inscription des pratiques artistiques dans une perspective historique questionne les formes de transmission mémorielle et les rapports aux récits collectifs (Besson et Scopsi, 2016 ; Scopsi, 2012). Les recherches sur l’histoire et la mémoire en EAC mobilisent des méthodologies narratives, telles que les récits de vie ou l’étude des autobiographies d’artistes et d’élèves (Four, 2003), ainsi que des analyses de documents et d’archives permettant de contextualiser les processus de patrimonialisation et de réappropriation des œuvres dans des dispositifs éducatifs et culturels.

Éducation aux médias et à l’information (EMI)

Les transformations du paysage médiatique et la multiplication des supports de diffusion impliquent une réflexion sur les méthodologies permettant d’analyser la réception et l’appropriation des contenus culturels par les publics scolaires (Pourquier-Jacquin, XX). L’approche info-documentaire (Amar, et al, 2008) constitue un cadre pertinent pour examiner la circulation des savoirs et les usages éducatifs des médias, en lien avec des démarches quantitatives analysant les représentations sociales de la culture et de l’information (Ethis, 2004).

Livre et lecture

L’analyse des pratiques de lecture et d’écriture dans le cadre de l’EAC interroge les enjeux de médiation et de réception des œuvres littéraires en milieu scolaire. Les méthodologies mobilisées dans ce champ comprennent l’étude des dispositifs pédagogiques favorisant l’appropriation des textes par les élèves, ainsi que des approches réflexives et comparatistes sur l’évolution des pratiques de lecture à travers les âges (Cariou et al., 2019).

Musique

Les recherches en pédagogie musicale s’appuient sur des approches issues de la clinique de l’activité (Vivien et al., 2021), permettant d’analyser les processus d’apprentissage et d’interprétation en contexte éducatif. L’analyse des ateliers de pratique musicale, des dispositifs d’orchestres scolaires (Ballester et al., 2024, Terrien, 2020) et des rencontres d’artistes engage une réflexion sur la transmission des savoirs musicaux et la construction des parcours artistiques individuels et collectifs (Roth, XX).

Spectacle vivant

L’étude des arts de la scène – théâtre, danse, cirque – offre un cadre privilégié pour interroger les dynamiques de création et d’interprétation dans l’éducation artistique. Les méthodologies collaboratives et participatives permettent d’analyser la co-construction des œuvres scéniques avec les élèves et les enseignants, tandis que les approches comparatistes et ethnographiques (Barrère et al., 2015) explorent les différentes manières dont les publics interagissent avec le spectacle vivant.

Ainsi, en articulant les méthodologies de recherche en arts et éducation aux huit domaines de l’EAC, cette réflexion contribuera à enrichir les pratiques pédagogiques et artistiques, tout en mettant en lumière les enjeux liés à la transmission, à la création et à la réception des savoirs culturels.

Formats de présentation et articulation des échanges

Afin de favoriser des échanges dynamiques et réflexifs sur les méthodologies de recherche en arts et en éducation, cette journée proposera une diversité de formats permettant aux participant·es d’expérimenter des modes de présentation alternatifs. L’objectif est de dépasser le modèle traditionnel de la communication académique pour explorer des formes interactives, visuelles, immersives et performatives, en adéquation avec la nature des recherches menées.

Présentations courtes et interactions prolongées

Les interventions pourront prendre la forme de présentations de 5 à 10 minutes, axées sur une problématique méthodologique, un projet en cours ou une approche spécifique. Chaque session sera suivie de 25 minutes d’échanges, permettant d’approfondir les réflexions, d’interroger les cadres méthodologiques et d’encourager le dialogue entre chercheur·es.

Formats de communication alternatifs

d’autres formats pourront être mobilisés afin de mieux rendre compte des méthodologies spécifiques à la recherche en arts et en éducation. Certaines interventions pourront ainsi adopter des approches plus visuelles et synthétiques, privilégiant le support graphique ou l’interactivité. Des présentations sous forme de Pecha Kucha ou de posters interactifs permettront d’articuler la démonstration scientifique avec une mise en espace des concepts et des processus de recherche. Les chercheur·es souhaitant valoriser une approche performative pourront proposer des lectures mises en espace ou des dispositifs immersifs qui confrontent directement les participant·es à la méthode employée.

D’autres formats mettront l’accent sur l’implication du public et la co-construction du savoir. Les ateliers participatifs offriront la possibilité d’expérimenter des méthodologies en temps réel, ouvrant ainsi un espace de réflexion sur leurs potentialités et leurs limites. Des discussions itinérantes et des tables rondes inversées pourront favoriser une approche dialogique, en inversant les rôles traditionnels de l’intervenant et du public.

Enfin, dans le cadre du travail engagé par le GIS Arts & Éducation sur la cartographie des méthodologies, certaines présentations pourront s’intégrer dans une démarche de visualisation dynamique des pratiques de recherche. Les chercheur·es qui souhaitent inscrire leur travail dans cette perspective pourront proposer des formes hybrides, mêlant différents médias ou expérimentant de nouvelles modalités de médiation scientifique. L’objectif est de rendre compte des croisements méthodologiques et des circulations entre disciplines tout en explorant les potentialités de restitution propres aux études en arts et en éducation.

Calendrier

Les structures partenaires sont invitées à diffuser auprès des post-doctorant·es doctorant·es et étudiant·es susceptibles de participer à cette journée. Afin de garantir une organisation optimale, les éléments suivants sont attendus :

• Publication de l'appel : fin avril

• Au plus tard 15 juin: Envoi d’un résumé de la présentation (1000 mots) 

• Retour des évaluations et notification d'accord début juillet. 

• Sessions hybridées, mais participation en présentiel conseillée. 

• 72 heures avant la journée: Transmission du diaporama final.