Institut national supérieur de l’éducation artistique et culturelle

L’organisation des rencontres et des séminaires sur les pratiques et innovations en EAC est inscrite dans les missions de l’institut. « Le temps et l’illusion » est le thème du séminaire de l’Inseac pour l’année 2022-2023.

L’Education Artistique et Culturelle pratiquée à l’INSEAC est joyeuse. Dès son prélude, elle s’annonce comme telle et l’enchantement d’un enfant face à un spectacle de magie illustre bien cette conception. La magie, à la manière des arts de la lumière et de l’ombre, repose sur le sens de l’illusion, l’imitation de la vie, l’iconographie de la ressemblance. C’est le même émerveillement que celui que nous procurent encore aujourd’hui les fééries de Georges Méliès. Ainsi, à tous âges, il n’est pas rare d’entendre les spectateurs sortant de la salle de théâtre ou de cinéma, s’exclamer comme des enfants « c’était magique ». Les arts font évènement, font spectacle, se font festival, et le temps de la pratique artistique comme de la rencontre est un temps à part, un temps en rupture avec le cours normal d’un temps qui serait naturel. Mais rien n’est moins évident que cette naturalité du temps. Le temps est aussi une construction sociale. De la conception illusionniste que Zeuxis a de l’œuvre d’art - dénoncée par Platon – à la prise de conscience d’une historicité du temps relatée notamment par Norbert Elias, le temps de l’éducation artistique et culturelle s’avère paradoxal. Le temps des arts et de la culture, de la fréquentation des œuvres, des apprentissages et des processus éducatifs, est à analyser à la lumière de cette invention sociale du temps et de sa transmission génération après génération. Il y a d’ailleurs dans ces arts de l’illusion, mobilisation de ressources cognitives plus précises et d’un choix volontaire du déni. On ferme délibérément les yeux sur le trucage. Le public aime croire en l’illusion et ne veut pas connaître les trucages. Concernant les publics de la magie à qui l’on ne peut servir deux fois la même chose, l’illusion repose sur le détournement de l’attention pour pouvoir la fixer sur autre chose. Cette captation de l’attention est, dans le cas de la magie comme dans le cas de la performance théâtrale par exemple, un préalable à l’intérêt porté à la chose que l’on montre pour ne pas désintéresser les publics. Cette même captation de l’attention est un enjeu de l’éducation artistique et culturelle et elle passe par un autre enjeu d’éducation artistique et culturelle qui relève d’une perception du temps, élastique et parfois différenciée en fonction des origines sociales ou culturelles des personnes. Dans cette perspective, le séminaire « Le temps et l’illusion » s’attachera à présenter des expertises et travaux de chercheurs et d’intervenants professionnels en éducation artistique et culturelle qui contribuent à la structuration de ce champ de recherche qui a déjà une histoire mais aussi ici et maintenant une actualité. Au fil des interventions, il s’attardera sur le mystère du temps appliqué à l’Education Artistique et Culturelle et, ce, en cherchant à observer et analyser des lieux et des moments “sanctuarisés”, souvent considérées en rupture avec le cours normal des choses (festivals, structures culturelles et artistiques, établissements scolaires).